lundi 17 décembre 2012

Thérèse Casgrain


http://www.walloffemmes.org/2010/11/blog-post.html
On peut voir ce pochoir sur le muret de la piste cyclable de la rue St-Urbain, entre les rues Beaubien et Bernard.
 « Y a-t-il meilleure école que le feu de l'action? »
Thérèse Casgrain

Je ne connais pas encore très bien Thérèse Casgrain. Je sais qu'elle fut une précurseur du droit des femmes au Québec et que c'est grâce à elle si nous pouvons voter aujourd'hui. 

Elle était humaniste, issue de la grande bourgeoisie montréalaise. En tout cela, elle est la digne consoeur d'Eleanor Roosevelt et nous lui devons beaucoup, sur plusieurs plans, politique et social. Étant donné qu'une biographie paraîtra en mars 2013 chez Fides, (la première depuis 1971), Thérèse Casgrain sera d'actualité.

Malgré tout ce que nous savons sur son action, je suis curieuse d'en savoir plus sur sa nature intérieure. Avant-gardiste sur plusieurs plans, en saurons-nous plus sur le moteur de son engagement? Sur ce qui contribua à construire une personnalité sensible aux misères de son époque? Ou fut-elle une femme exemplaire en tout point?

À suivre...


Voici les actions qu'a menées Thérèse Casgrain, résumées ainsi sur Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9r%C3%A8se_Casgrain consulté le 8 décembre 2012.
  • après la Première Guerre mondiale, elle siège au Conseil fédéral du salaire minimum ;
  • dans les années 1920, elle plaide en faveur de nombreuses réformes, dont la principale est l'obtention du droit de vote pour les femmes ;
  • elle fut présidente de la Ligue pour les droits de la femme de 1928 à 1942 ;
  • elle fonda la Ligue des jeunes francophones, les Charités fédérées francophones et la Société des concerts symphoniques de Montréal ;
  • elle fit partie du Conseil de la santé au Canada et du Conseil canadien du développemenet social ;
  • durant la Seconde Guerre mondiale, elle aide à mettre sur pied la Commission des prix et du commerce en temps de guerre ;
  • elle contribua à la fondation de la Division de la consommation de cette Commission ;
  • elle fut nommée Officier de l'Ordre de l'Empire britannique pour ses services en temps de guerre ;
  • elle fonda en 1961 la division québécoise du mouvement La Voix des femmes dédié à la paix dans le monde.


dimanche 16 décembre 2012

Carmen Bourassa



Carmen Bourassa. Photo: La Presse

« On voulait faire sortir le quotidien des enfants de la banalité et le magnifier à la télévision. On voulait que les enfants soient accrédités dans ce qu'ils ressentent et qu'ils aient la liberté de s'exprimer. Ça a fait un mélange dont les enfants avaient besoin pour comprendre leur monde et se comprendre eux-mêmes.»
Carmen Bourassa à propos de l'émission Passe-Partout.

Six ans déjà que j'ai découvert Carmen Bourassa en lisant le journal, un matin de décembre. Cette femme dévouée à l'éducation des enfants y lançait un cri du coeur par le biais d'une lettre ouverte publiée dans la page Forum de La Presse. 

Tout comme Jacqueline Caron dont j'ai parlé dans un précédent billet, cette femme-là s'intéresse tout particulièrement à l'enfance. Tout comme Jacqueline Caron et toutes les femmes de ce blogue, c'est l'empathie qui la décrit le mieux. Ce sera le moteur de son implication sociale, de son goût de l'engagement qui peut faire une différence. C'est ce qu'elle souhaite et elle optera pour le ministère de l'éducation, qui de surcroît, l'avait déjà repérée http://www.lapresse.ca/le-nouvelliste/week-end/200910/01/01-907403-les-enfants-dabord.php.

Elle obtient son brevet d'enseignement en 1963 et débutera sa carrière dans l'enseignement de la maternelle puis poursuivra sa formation professionnelle (http://www.lapresse.ca/actualites/regional/personnalites-la-presse/200909/22/01-904389-carmen-bourassa.php.

C'est par le biais de la culture qu'elle croit pouvoir le mieux aider les enfants à évoluer, tout particulièrement par celui de la télévision. Carmen Bourassa est cocenceptrice des 125 premiers épisodes (1977-1979) de l'émission pour la jeunesse devenue culte: 
Passe-Partout.

Cette lettre dont je parle rend compte de la situation de son fils dyslexique. Et c'est une mère dotée d'une « tenacité alucinante » comme l'a écrit ce dernier (cité dans la lettre) qui accompagnera le fils sur une route académique jonchée d'obstacles. Une mère inquiète pour l'estime de soi de son garçon mais convaincue de son potentiel intellectuel. Elle a su gérer la différence sans porter de jugement.

En 2010, alors que je me trouvais avec un auteur dans les studios de la Première Chaîne à Montréal et que nous attendions l'entrée en ondes, j'ai eu la chance de croiser Mme Bourassa qui faisait partie de l'équipe. Assise à côté d'elle, j'en ai profité pour lui faire part de l'émotion que j'avais ressentie à la lecture de son témoignage et de l'admiration que j'avais pour son travail. C'est une mère fière qui m'a répondu que son fils était aujourd'hui sur le point d'obtenir son doctorat.

« Carmen Bourassa a reçu [en 2009] le Grand Prix de l'Académie des Gémeaux, qui vient couronner une série de reconnaissances de ses pairs, dont une quinzaine de prix Gémeaux remportés au cours des années, notamment pour la série Cornemuse. »
http://www.lapresse.ca/actualites/regional/personnalites-la-presse/200909/22/01-904389-carmen-bourassa.php consulté le 14 décembre 2012.

http://www.youtube.com/watch?v=gGRI810JtHI consulté le 14 décembre 2012.

jeudi 13 décembre 2012

Jacqueline Caron

                                                                             
Jacqueline Caron: Différencier au quotidien




Vous voyez le visage de cette femme. Il n'est pas connu. Du moins, pas publiquement. Un sourire sincère, un regard intense. Cette femme-là, tous les parents voudraient la voir dans l'école de leur enfant.

Pour moi, la rencontre s'est passé un soir de septembre dans les locaux des éditions De La Chenelière sur le boulevard Rosemont. Madame Caron y lançait en toute simplicité l'édition revue et augmentée de son classique Quand revient septembre 2e édition (Chenelière éducation, Montréal 2012). Elle est venue vers moi et s'est présentée, accueillante et attentive. Charmante.

Jacqueline Caron fait carrière dans l'enseignement depuis 50 ans. Après sa formation, elle ne s'est pas contentée d'appliquer les méthodes inculquées. Elle s'est rapidement rendu compte de leurs limites et de la frustration ressentie par l'enseignant lorsque sa pédagogie n'arrive pas à mener tous les élèves à la réussite. Que faire? Être à l'écoute bien sûr des différents niveaux d'apprentissage.
Pour l'enseignant: « Différencier au quotidien » la méthode pédagogique qui va avec.

Ce soir-là au lancement, madame Caron entourée de ses fidèles assistantes, de jeunes enseignantes, de ses éditeurs, a raconté son histoire aux invités. Celle d'une femme née dans les années 1940 qui a dédiée sa créativité aux enfants. Magnifique conteuse, son discours, à travers moult anecdotes, était rempli d'amour. Pour tout et pour tous. Au cours de sa carrière, elle a su défendre son point de vue et s'entourer des personnes qui ont permis l'épanouissement de son hypothèse. Pour cela, je lui rends hommage.

Je ne suis pas la seule. En effectuant ma recherche sur le web, je suis tombée sur les commentaires dithyrambiques de plusieurs enseignants  blogueurs sur sa méthode pédagogique. Elle fait partie de ces gens dont la rencontre marque et laisse des traces pour le plus grand bien de tous.

Je ne suis ni enseignante, ni parent, ni étudiante en pédagogie mais je vis dans cette société souvent dure dans laquelle nombre d'enfants devenus adultes n'ont pas eu la chance de recevoir un enseignement sensible à leur différence et qui ont souffert du rejet plutôt que d'avoir connu l'écoute.

Elles et ils existent, ces pédagogues remarquables (souvenons-nous du documentaire de Sylvie Groulx La classe de madame Lise où l'on voit l'enseignante gérer les différences de nationalité dans sa classe de première année), mais on les entend et les voit si rarement dans les médias! J'aurais bien aimé trouver sur Youtube par exemple, une conférence ou une entrevue avec madame Caron. Rien, nothing, nada.

Alors merci madame Caron pour votre démarche si inspirée et si inspirante. Vous avez parcouru le globe pour la faire connaître, et je ne suis pas surprise du bon accueil que l'on vous a réservé.


http://www.jacquelinecaron.com/

mercredi 5 décembre 2012

Ségolène et Valérie


Ségolène Royal et Valérie Trierweiler
http://people.plurielles.fr/news-people/segolene-royal-comment-elle-a-failli-recuperer-francois-hollande-7485676-402.html



Ces deux femmes-là nous ont surpris en 2012 par des comportements que l'on attendait pas. Elles se sont prises les pieds dans le piège de la rivalité que ni l'une ni l'autre n'ont réussi à dépasser. Pas de grandeur ni de dépassement dans leur cas, mais un minimum de transparence. De la part de Valérie Trierweilerdu moins...

L'histoire est celle-ci: le 12 juin 2012, un mois et quelques jours après l'élection du nouveau président français François Hollande, sa compagne Valérie Trierweiler (prononcer le deuxième « r ») publie un gazouillis qui marquera l'histoire présidentielle qui commence. La marquera pour le pire, car il obligera le président Hollande à réagir contre sa volonté. Voici le « tweet» en question, comptant 137 caractères:

« Courage à Olivier Falorni qui n'a pas démérité, qui se bat aux côtés des Rochelais depuis tant d'années dans un engagement désintéressé.»

Avec ce message, Valérie Trierweiler officialise publiquement la rivalité qui l'oppose à Ségolène Royal ex compagne de François Hollande et mère de ses quatre enfants. En allant à l'encontre de la décision du président et du parti socialiste qui appuient la candidature de Ségolène Royal dans des élections régionales, elle se venge de l'attention que son compagnon doit nécessairement accorder à Ségolène Royal. Rien de moins. Et cette dernière en veut à Valérie Trierweiler de lui avoir pris son mari.

Non nous ne sommes pas au coeur d'un roman savon. Et pourtant, les enjeux soudainement révélés au public (mais dont on discutait en coulisse) ne sont plus du tout ceux dont on devrait discuter: économie, culture, éducation...le président est déconcentré. 
 

Une avalanche d'articles analytiques de toutes sortes (politique, psychologique,  féministe, people) déferlera sur les médias imprimés et électroniques. Des livres seront publiés sur le sujet.

Ce qui semble l'incapacité de ces deux femmes à dépasser leurs sentiments -dans un contexte où l'éthique politique actuelle devrait être le guide sans conteste- peut être observé sous un autre angle: celui de la transparence.  Valérie Trierweiler n'a pas la langue dans sa poche et oblige chacun à se positionner sur des enjeux sentimentaux et émotifs qui n'ont pas leur place dans le monde masculin de la politique.

Il est intéressant de voir comment l'émotivité nourrit de jalousie -ce dont les hommes ne sont pas exempts- est montré d'une manière typiquement féminine parce que extravertie. Pour cela, devrait-on vraiment mal juger le comportement de ces deux femmes comme l'opinion publique l'a fait? C'est peut-être nous-mêmes qui devrions nous dépasser pour briser le tabou des sentiments exprimés? Dans la mesure où cela peut faire avancer les choses de la communication en passant par la nature humaine, la vraie...
Au lieu de quoi une gestion de crise s'est faite dans l'opacité et Valérie Trierweiler est priée de se taire. Plus ça change plus c'est pareil...




Anna Cabana et Anne Rosencher. Entre deux feux. Éditions Grasset, Paris, 2012.




             
                                         

samedi 1 décembre 2012

Michelle Blanc




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« Il préférait assurément cette charge d'adrénaline que procure la transgression des tabous et qui mène à la liberté, une liberté sans commune mesure.»
Un genre à part. Extrait de la biographie de Michelle Blanc par Jacques Lanctôt. Libre Expression, Montréal, 2012.
http://www.edlibreexpression.com/Michelle-Blanc/Jacques-Lanctot/livre/9782764805619



Comment alimenter un blogue sur les femmes, ces femmes si fragiles et si fortes à la fois, sans parler de Michelle Blanc? Si je crois qu'il faille le faire c'est parce qu'elle répond aux critères de Ces femmes-là. Elle a souffert, profondément souffert, elle est dotée d'une grande sensibilité et d'une grande intelligence, outils avec lesquels elle a mené son combat vers la liberté. Maintenant, non seulement doit-elle discuter des enjeux entourant les stratégies web grâce aux médias sociaux, elle doit aussi analyser ceux qui se rapportent à la condition féminine http://femme-2-0.blogspot.ca/ . À cet effet, et contrairement à ce qu'elle affirme sur son blogue Femme 2.0, j'espère qu'elle continuera à alimenter celui-ci.

J'aurais bien aimé que ce soit la maison d'édition pour laquelle je travaille qui publie sa biographie! Mais Johanne Guay, avec son flair habituel, a reconnu que l'histoire de Mme Blanc devait être écrite et méritait sa place dans le fonds des Éditions Libre Expression. 

La publication de sa biographie, que vient de faire paraître la maison, a attiré mon attention, me ramenant une fois de plus vers Michelle Blanc: comme beaucoup de Québécois je regardais Tout le monde en parle en 2008 alors qu'elle y a fait son coming out télévisuel. Mais avant cela, en 2005, alors qu'en année sabbatique j'explorais les sujets dont on on parlait peu mais dont le potentiel m'attirait, je cherchais des informations sur les blogues, outil alors peu connu. Je m'intéressais particulièrement aux blogues publics d'entreprise et cherchais les patrons blogueurs de ce monde (à l'époque ils étaient peu nombreux et j'oserais avancer qu'ils ne le sont pas beaucoup plus aujourd'hui...). Bien sûr, le site de Michel Leblanc était rapidement devenu la principale source de ma recherche et il m'a beaucoup appris sur les médias sociaux en général. Depuis ce temps, je continue d'être attirée par ce monde.

Mais autre chose a ramené Michelle Blanc dans mon paysage quotidien: ses tweets. Et plus spécifiquement, ses tweets que j'ai attrapés au vol, au travail, apparaissant parmi les centaines d'autres qu'on ne lit pas pour toute sorte de raisons. Puis, le hasard nous fait lever les yeux et hop c'est LE gazoulli qu'il fallait lire. Cette fois-là, j'attrape son message: nouvelle maison, nouvelle terrasse, nouvelle vie, verre de vin à la main elle savoure la douceur du printemps naissant avec son amoureuse et le partage avec ses abonnés. Tweetpic à l'appui.Quelle tendresse nous recevons en plein après-midi de travail! Cette femme-là me parle et la synchronicité a fait en sorte que je partage ce moment où elle témoigne de son bonheur. Je l'ai trouvée adroite et me suis promis d'en faire autant au travail...un jour; pas facile d'exprimer un truc personnel alors qu'on a été éduqués à ne pas s'épancher au boulot... mais Times they are a-changin' n'est-ce pas? Heureusement.

Come mothers and fathers
Throughout the land
And don't criticize
What you can't understand
Your sons and your daughters
Are beyond your command
Your old road is
Rapidly agin'.
Please get out of the new one
If you can't lend your hand
For the times they are a-changin'
(Times they are a-changin', Bob Dylan)

D'abord il y a ce mystère, celui de la féminité chrysalide. Michelle Blanc, c'est une histoire de vie qui s'éveille avec nous autres témoins. Une histoire faite de valeurs humaines, celles de la transparence et de l'authenticité.

dimanche 25 novembre 2012

Katharine Hepburn



http://www.katharine-hepburn.com/
    
« Si on respecte toutes les règles, on gâche tout le plaisir.» Katharine Hepburn

Hepburn a une histoire de vie formidable.  Bien sûr, aurait-on tendance à dire... Elle fait partie de ces femmes qui m'impressionnent par leur patience et leur persévérance. Comme Eleanor Roosevelt, Goliarda Sapienza et Doris Lessing dont la singularité a finalement trouvé à s'exprimer. Actrice dans l'âme dès son plus jeune âge, Katharine Hepburn ne peut passer que par l'art du jeu pour s'affirmer. cependant, la jeune femme devenue comédienne professionnelle ne répond pas physiquement aux standards de beauté de son époque. Elle n'est pas complexée pour autant et finira par imposer l’expression de sa différence. Elle est très grande et très mince, cela lui posera problème pendant des années jusqu’à ce qu’elle réussisse à faire aimer son style singulier, qu’elle seule pouvait rendre avec tant d'élégance. Elle choisira de porter le pantalon et des vêtements en général plutôt amples pour équilibrer la maigreur de sa silhouette. Son look à la garçonne aura beaucoup de succès, représentant la libéralisation de la femme dont l'éveil bat son plein avant la deuxième guerre mondiale. Hepburn n'aura pas d'enfant et restera l'image de la femme libérée et indépendante, dotée d'un caractère très fort.

Le poète Phelps Putman dit d'elle : « Elle était l'anarchie vivante du cœur. Elle était aussi impolie que la vie et la mort. » (http://fr.wikipedia.org/wiki/Katharine_Hepburn, novembre 2012).

Son histoire amoureuse ne sera pas moins banale. En 1940 elle rencontre l'homme de sa vie, Spencer Tracy. L'acteur est marié et refusera de divorcer par conviction religieuse. Cela n'empêchera pas la formation de ce couple célèbre qui restera uni jusqu'à la mort de l'acteur en 1967.



http://luxe.planet.fr/2012/11/20/lets-make-love-au-cinema/




Trouvée en faisant des recherches pour ce billet, une lettre d'amour lue par l'actrice, présentée sur le blogue d'Isabelle Regnier, journaliste et critique cinéma pour le journal Le Monde http://cinema.blog.lemonde.fr/2012/09/07/bouleversante-lettre-de-katharine-hepburn-a-spencer-tracy/ (novembre 2012).




J'ai découvert Katharine Hepburn dans le film The African Queen, un après-midi de congé à l'école primaire, en regardant Ciné-quiz. Aux côtés de Humphrey Bogart elle joue le rôle d'une soeur missionnaire. C'est l'aventure au coeur de l'Afrique en 1914, et c'est l'un de mes meilleurs souvenirs cinématographiques.

lundi 12 novembre 2012

Lina Wertmüller

                                                                   
 
« Aimer c’est s’engager, c’est travailler, c’est être intéressé, c’est créer.  »
Lina Wertmüller est née en 1926




C’est décembre et je marche depuis trente minutes sous la neige de la première tempête. Il vente, il fait froid et j’affronte tant bien que mal mon nouveau statut de célibataire. J’ai besoin de m’occuper l’esprit. Je compte bien sur quelques films pour me distraire. J’arrive à mon club vidéo sur Mont-Royal et m’engouffre avec délice dans les rangées de milliers de films, promesses de découvertes sans fin. J’ai le goût de voir tous les films de guerre disponibles, surtout les plus vieux, et tout en cherchant, je me retrouve dans la section des films italiens. La pochette d’un DVD attire mon attention. Qui n’a rien à voir avec un film de guerre.  Quoique…

Je découvre un classique du cinéma. Vers un destin insolite, sur les flots bleus de l’été, ou en anglais, Swept away, réalisé en 1974. Je m’intéresse tout de suite à sa réalisatrice Arcangela Felice Assunta Wertmüller von Elgg Spanol von Braueich, mieux connue sous son nom d’artiste Lina Wertmüller. Née le 14 août 1926 à Rome, elle est d’origine suisse. Enfant rebelle, d’abord enseignante, cette artiste provocante fera ses classes comme assistante à la réalisation de Federico Fellini sur le film 81/2.
Le film relate magistralement le rapport entre les deux sexes, leurs luttes sociales et politiques. Une femme très riche, jouée par l’extraordinaire Mariangela Melato (qui m’a subjugée et que j’ai longtemps confondue avec la réalisatrice), se trouve à bord d’un yacht sur la Méditerranée. Elle sert alors à ses amis un discours dense, intense, convaincu et condescendant, doté d'une rhétorique impeccable qui énerve son partenaire masculin, son compagnon. Elle décrit par le détails, sur un ton très désagréable, très émotif (elle semble en colère, elle est en colère), sur les classes sociales et en particulier sur celles des ouvriers et des communistes, et des grands bourgeois à laquelle elle appartient et qu'elle trouve classe éclairée. Sur le bateau un matelot, joué par Giancarlo Giannini (que l’on reconnaîtra plus tard dans deux des films de James Bond - Casino Royale et Quantum of Solace- dans le rôle de René Mathis), issu de la classe ouvrière qui supporte mal cette femme on dirait hystérique et brillante. De son côté il consput la bourgeoisie verbalement en discourant auprès de son coéquipier. Cette femme et cet homme finiront sur une île déserte où les rôles s’inversent: elle doit apprendre à servir plutôt qu’à être servie. L’amour naît et les différences sociales s'effacent. Ces personnages sont dotés chacun d’un caractère très fort, illustrant de manière on ne peut plus claire comme il est difficile, malgré le sentiment amoureux, de passer outre un bagage personnel associé à son milieu social et intellectuel.
Giancarlo Giannini en 2009



 
Giancarlo Giannini en 1974 dans le film Swept away

Je salue le talent de scénariste de Mme Wertmüller et son travail filmographique. Elle a su représenter de manière originale la condition féminine.
Le film! Bon visionnement.

mercredi 24 octobre 2012

Doris Lessing, femme blanche venue d'Afrique





Doris Lessing




Doris Lessing
http://www.britannica.com/blogs/wp-content/uploads/2007/12/lessing.jpg
 

« Think wrongly, if you please, but in all cases think for yourself.» 
Doris Lessing
Interview with Amanda Craig, "Grand dame of letters who's not going quietly," The Times, London (23 November 2003). www.wikiquote.org  octobre 2012.


























Doris Lessing fait partie de ces femmes, comme Eleanor Roosevelt ou Goliarda Sapienza, qui ont affirmé leurs valeurs, les ont exprimées à leur façon, en étant créatives, conscientes des enjeux qui les touchent et touchent aussi ceux qui, comme elles, doivent faire face aux contingences de leur condition.

Ce qui m’a marquée dans la lecture de Doris Lessing est l’aspect autobiographique de son œuvre. En recherche constante de l’expression de l’affirmation de soi, elle a mis en scène (dès 1949) des situations très modernes de femmes libres au moment où l’engagement politique représentait la manière la plus efficace de faire avancer les choses. Elle-même a été très active au sein du parti communiste anglais jusqu’au  milieu des années 1950 alors que l’on découvrait un Staline horriblement tortionnaire. Pénible deuil pour elle et pour des milliers de membres qui quitteront le parti, déchirés. Elle publiera après cela Le carnet d'or.
Doris Lessing est né en Perse (aujourd’hui l’Iran) le 22 octobre 1919. Ses parents, Anglais, s’installent en Rhodésie (maintenant le Zimbabwe), à l’époque colonie britannique. Elle est alors âgée de six ans dans un pays en friche, où la nature est omniprésente. Elle grandit dans un milieu rustre, sans culture, duquel elle s’extirpera finalement par les rencontres amicales et maritale, en se découvrant écrivain.




Son chef-d’œuvre demeure le Carnet d’or (The Golden Notebook, 1962). Roman complexe, à la forme inusitée, qu’il faut lire et relire à travers les années qui passent. On commence par ne pas tout saisir, jusqu’à ce les situations des personnages féminins finissent pas ressembler à celles de nos propres vies; les illusions de la jeunesse font place à la lucidité, épreuve existentielle qui nous concerne tous. Contrairement à Goliarda Sapienza, Doris Lessing ne s’arrête pas à la description de la volupté. La sensualité y est ardue, retenue, faussement prude et disparaît au profit du mental. Mme Lessing ne se laisse pas déconcentrée par ces effets du corps, bien que ses personnages féminins soient sans cesse à la recherche de l’amour.


Les femmes sont fortes dans l’œuvre de Lessing et les personnages masculins ne sont pas évolués, victimes puériles de femmes adultes et assumées qu’ils ne reconnaissent pas. Bref, elles font peur aux hommes, qui se trouvent bousculés par ces sorcières intellectuellement exigeantes. Le lecteur lui aussi est bousculé, mais la profondeur de la réflexion engendrée en vaut la chandelle.
En 2003, elle publie The Grandmothers où deux grands-mères tombent respectivement amoureuses du petit-fils de l’autre! Encore des personnages hors normes, il faut que nos aïeules lisent ça pour changer!
En 2007, elle reçoit le prix Nobel de littérature et à 93 ans, toujours active, elle publiera en février prochain  The Story of General Dan.



samedi 20 octobre 2012

Goliarda Sapienza



Goliarda Sapienza (1924-1996)




« Se faire et se défaire des habitudes c'est comme ça qu'on doit vivre. »
L'art de la joie, Goliarda Sapienza








Qui connaît Goliarda? J'ai marché longtemps ce matin en pensant à elle. Je pense souvent à elle d’ailleurs. Au titre de son roman L’art de la joie. Son chef-d’œuvre. La joie. Quel beau mot que l’on n’utilise pas assez souvent et dont l’étymologie est si riche. Certainement une des auteures les plus authentiques que j’ai lues. Elle est une rebelle au point de vue singulier, de ceux qui vous éclairent en passant par le décryptage romanesque de tous les tabous –d’aujourd’hui et d’alors- et de tout ce qui fait une vie.

Folie, inceste, viol, relations amoureuses intergénérationnelles, femme au pouvoir, femme libre, bisexualité, émotivité, meurtre, sexualité de l’enfant, maternité, mariage, vieillesse et j’en passe.


source: Chapitre.com http://bit.ly/TpcURi (13 octobre 2012)


J’ai découvert ce roman, inspiré de son histoire et enfin publié après dix ans d’écriture et la recherche d’un éditeur, (si vous ne l’avez pas lu, bande de chanceux, précipitez-vous en librairie) parce que d’autres femmes m’en ont parlé. Il a été publié à titre posthume. Goliarda est morte en 1996, dans la jeune vieillesse, à l’âge de 72 ans, d’un accident bête, en tombant d’un escalier.

Ce roman est tous les romans à la fois : politique, historique, populaire (fresque familiale), érotique, psychologique, philosophique, poétique.

Ceux qui l’ont lu évoque le frisson, la passion, la possession de soi par un récit exceptionnel. Il vous faut le lire, pour cette formidable aventure intellectuelle et sensuelle. C’est certainement dans ce roman que j’ai eu la plus belle expérience de lecture du sentiment amoureux. Touchée. Sapienza est aussi habile, sur ce plan, que le grand D.H. Lawrence.

Goliarda Sapienza est la benjamine d’une famille communiste recomposée dont le père est un avocat qui défend les pauvres et la mère, bourreau de travail, une intellectuelle reconnue et engagée qui a eu trois fils d’un précédent mariage. Goliarda grandit parmi eux, qui sont adultes, dans les années trente.

« Ses frères lisent des poèmes à table, font de la musique, et sa mère la reçoit dans son bureau où elle lui parle de l’asservissement de la femme et de l’amour libre.» (http://www.tv5.org/cms/chaine-francophone/Terriennes/Dossiers/p-22140-Goliarda-Sapienza-ecrivaine-affranchie-des-le-berceau.htm)
Dans un nouveau roman qui vient de paraître en français, Moi, Jean Gabin, dans lequel elle relate avec un certain humour son enfance (« si nous n’avons pas d’argent, c’est parce que nous n’exploitons personne » p.40), nous voilà plongés dans les années d’avant-guerre siciliennes, chez les communistes à la dent dure, en lutte contre le fascisme. La petite Goliarda vit avec une sensibilité propre et très profonde; elle peut pleurer de joie en mangeant de la polenta avec son oncle parce que quelques minutes avant elle s’en faisait de se trouver au milieu d’intellos qui se nourrissent d’études et ne font que lire, en mangeant des fruits, sans gourmandise. Elle n’en fait pas un drame, elle se sent en sécurité, elle est aimée, mais souffre de l’incapacité à exprimer ses sentiments et le grand amour qu’elle ressent pour les membres de sa famille, pour sa mère en particulier.

Source: FNAC



Sa pensée, absolument originale, s’y révèle encore une fois. « Moi, qui ai appris de Jean Gabin à aimer les femmes...» p.7. Elle est amoureuse de Jean Gabin qu’elle découvre, gamine, au cinéma de son village et qui la fait rêver et l’aide à se détacher de sa nature anxieuse.


Tout comme chez Eleanor Roosevelt,  « l’action calme l’angoisse et la peur » (p.47),
et ce sont les valeurs humaines et féminines qui l’habitent.  De même, la relation épanouie avec soi et avec les autres est essentielle. Elle est loin de la rationalité. C’est une artiste, intense, explorant pendant  toute sa vie ses forces et ses faiblesses qui sont celles de toutes les femmes, par le biais de la littérature et de l’art dramatique. Pour mieux se connaître, il faut lire ses livres.
 




lundi 1 octobre 2012

Eleanor Roosevelt






« Never allow a person to tell you no who doesn't have the power to say yes. »
Eleanor Roosevelt (1884-1962)


Cette citation prend tout son sens quand on sait que, très timide, Eleanor a appris que non seulement c’est la règle du jeu pour faire avancer les causes qui lui tiennent à cœur, mais dévoile aussi sa connaissance profonde de la nature humaine pour laquelle elle a le plus grand respect et la plus grande attention.





La situation politique et économique actuelle fait écho à l'époque d'Eleanor
Eleanor Roosevelt représente pour moi ce qu’une femme désire accomplir spontanément pour elle-même et pour les autres et qui y parvient, malgré les obstacles qui se dressent sur la route. Par ailleurs, elle représente aussi, d'une part, un moment de l'histoire des États-Unis en crise qui fait écho à celle que le pays connaît depuis 2008, et d'autre part, l'Organisation des Nations Unies dont la mission aujourd'hui demande à être redéfinie.

Quels obstacles?
Dans son cas, les obstacles, qu’elle a dû dépasser, étaient créés par sa timidité naturelle qui ne disparaîtra jamais tout à fait et par ses préjugés, issus de sa condition de fille de bonne famille. Des obstacles plus extérieurs aussi, venant d’esprits conformistes face à l’action féminine dans la sphère publique au milieu du XXe siècle. Eleanor Roosevelt est l'une des actrices qui aura le plus fait avancer les causes des plus démunis et elle aura mis sur pied les premiers programmes sociaux de l'histoire des États-Unis.

Une femme d'action bien entourée
Ce ne sont pas toutes les femmes qui peuvent à son époque mener à bien leurs idées. Néanmoins, jusqu'à la seconde guerre mondiale, elles ne sont pas encore entièrement investies par leurs devoirs domestiques et Eleanor nouera des liens avec les féministes de son temps, alors que leurs voix se fait entendre; elle est accompagnée, de surcroît,  par un homme, son mari, ouvert aux revendications de ces dernières. On le voit ici, tricot à la main, dans une mise en scène réfléchie, mais tout à fait représentative de l’ouverture d’esprit du couple.



Un tournant
Longtemps très amoureux, le couple Roosevelt chancellera au moment où Eleanor découvre que son mari a une histoire d’amour très sérieuse et depuis longtemps engagée avec une autre femme. Elle souhaitera le divorce mais Franklin refuse et lui demande  de l’accompagner sur le chemin de sa carrière politique (qui le mènera à la présidence des États-Unis, de 1933 à 1945), dont la réussite ne peut s'accomplir s'il est divorcé. En échange de sa collaboration, elle lui propose d'occuper un rôle significatif dans l'action politique. Son malheur deviendra alors le tremplin qui la propulse aux premières lignes des combats qu'elle mènera sans relâche jusqu'à sa mort.


Une femme d'influence
Eleanor aura beaucoup d’influence sur les décisions politiques de son mari –entre autres sur l’entrée en guerre des États-Unis en 1941. Elle le connaît bien et sait quels arguments -politiques, il va sans dire- employer pour le convaincre. Elle ne se posera jamais. C'est une femme à l’énergie incroyable qui servira sans compter pour l’avancement de ses revendications.

Une caricature montre Eleanor Roosevelt apparaissant soudainement au fond d'une mine, signifiant qu'elle est partout, même là où on l'attend le moins. Source: More or less Bunk (blogue) 30 septembre 2012). http://moreorlessbunk.wordpress.com/



La seule limite de sa liberté d’action (pour combattre le racisme par exemple) viendra des démocrates les plus à droite et des républicains. Bref, de tous publics que son mari doit stratégiquement ménager s'il veut maintenir sa position à la Maison Blanche.
L'apogée de l'action politique d'Eleanor est sans doute son apport à la Déclaration universelle des droits de l'homme signée en décembre 1948, apport que la disparition de son mari en 1945 a encouragé alors qu'elle est appelée à le remplacer dans ce contexte de création.

Eleanor Roosevelt tenant à la main la Déclaration universelle des droits de l'homme (en espagnol). Source: Wikipédia, 30 septembre 2012.
Eleanor est inspirante, intelligente et courageuse et a su employer ses ressources intérieures pour dépasser les rôles soumis que l’on attendait d’elle: épouse, mère et première dame sans pouvoir. Petite fille rejetée par une mère qui la trouvait laide, abandonnée par un père alcoolique et drogué, orpheline à l'âge de dix ans, c’est elle qui aura officialisé les fonctions de première dame des États-Unis; elle aura actualisé une conscience politique et sociale et ouvert le chemin à celles qui viendront avec le même désir d'action.

« Eleanor restera active jusqu’à sa mort en 1962. Un an plus tôt, le président nouvellement élu, John F. Kennedy, venait de la nommer, de nouveau, aux Nations Unies et lui avait également confié la présidence de la commission présidentielle sur le statut des femmes ». http://web.hec.ca/centredecas/catalogue/cas/9402009044.pdf octobre 2012.

Le président Truman la surnommera « première dame du monde ». Elle meurt en 1962, à l'âge de 78 ans, d'une turberculose des os.


Pour en savoir plus sur Eleanor Roosevelt:
http://www.biography.com/people/eleanor-roosevelt-9463366/videos/eleanor-roosevelt-full-episode-2073091336

Claude-Catherine Kiejman. Eleanor Roosevelt. Firts lady et rebelle. Éditions Tallandier, Paris, 2012.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Eleanor_Roosevelt, 28 septembre 2012.

http://web.hec.ca/centredecas/catalogue/cas/9402009044.pdf octobre 2012.